NATHALIE MOLENDI

Dans la religion chrétienne, le Christ dit : « Ne jugez point afin que vous ne soyez point jugés »

Ce commandement révèle notre tendance humaine à juger ce que les autres font plutôt que de regarder en nous ce qui serait bon d’améliorer.

 Juger est perçu comme quelque chose de malséant et exclu de tout principe de bonne éducation.

Est-ce pourtant possible de ne pas juger ?

Je pense que le jugement est inhérent à l’être humain mais que, sorti de l’idée de la sentence, il est une ouverture à l’autre et à la confrontation d’idées qui fait la richesse des échanges entre individu.

 Le jugement est un moyen de se différencier de l’autre.

Oser porter un avis sur le comportement d’une personne ou sur ses choix de vie, c’est s’autoriser à regarder ce qui nous semble en accord avec nous-même ou pas. Et les autres en font de même avec nous.

C’est dans cette comparaison que l’on se sécurise sur nos décisions.

C’est à travers l’autre que l’on peut se définir.

Les jugements sont un mécanisme indispensable à notre survie et permettent à chaque individu de préserver sa singularité.

Ce ne sont jamais des vérités mais seulement des points de vue empreint de notre vécu, de notre histoire et de notre réalité.

Le jugement est dans le domaine de la dualité : Il nous permet en comparaison avec l’autre de valider un « oui » ou un « non », un « bien » ou un « mal ».

Le jugement nous permet de renforcer nos convictions personnelles et nous apporte de la sécurité dans ce que nous croyons juste pour nous.

Il peut être guidé par des principes justes et peut simplement nous accompagner dans l’affirmation de nous-même sans dénigrer le choix des autres.

Si des parents ont été dévalorisants, on peut s’autoriser à les juger afin de réparer l’estime de soi et leur rendre leurs mots (ou maux). C’est donc dans cette comparaison au comportement de l’autre que l’on se répare.

C’est dans l’opinion que l’on a des choix de l’autre que l’on valide ce qui est bon et juste pour nous. L’autre est un miroir qui nous montre ce que nous souhaitons ou pas.

Juger les décisions de l’autre ne signifie donc pas les rejeter mais s’appuyer dessus pour oser affirmer sa différenciation. 

Alors, non, le jugement de l’autre n’est pas négatif. Il est un point d’appui pour se définir et mettre un cadre sur ce qui est légitime pour nous.

Dans cette approche du jugement, il est nécessaire de bien le différencier de la critique qui elle va être empreinte de pensée négative, de jugement de valeur, de dénigrement. Elle va exprimer un certain mal-être ou un profond sentiment de jalousie. La critique n’apporte aucune construction à la pensée. Elle est l’expression d’une volonté de puissance et de domination.

Alors autorisons nous, sans aucune culpabilité le jugement constructif et évitons au mieux la critique négative…

Nathalie MOLENDI